The Electrical Worker online
July 2021

Au nord du 49° parallèle
index.html Home    print Print    email Email

Go to www.ibew.org
La communauté syndicale attend l'impact qu'aura le projet de loi 32 de l'Alberta

La FIOE et d'autres syndicats en Alberta se préparent pour la mise en œuvre du projet de loi 32 qui a été adopté l'an dernier par l'Assemblée provinciale dominée par le Parti conservateur uni.

Le premier ministre Jason Kenney a vendu cette mesure législative comme moyen de protéger les entreprises et d'aider une économie en difficulté. Les critiques l'ont perçu comme une attaque camouflée contre les droits des travailleuses et des travailleurs d'adhérer à un syndicat et la protection qu'il procure, surtout depuis les gains réalisés par les syndicats en Alberta ces dernières années. La loi impose aux syndicats de lourdes tâches en matière de rapports financiers et pourrait éventuellement limiter la somme que les syndicats peuvent donner aux organisations de bienfaisance.

Les leaders de la FIOE en Alberta disent qu'ils auront une meilleure idée de l'impact du projet de loi une fois qu'il sera promulgué et lorsque le ministre du Travail Jason Copping aura publié les directives sur l'application de la loi. Mais les syndicats seront probablement durement touchés.

« Il a été calqué du droit au travail sans adhésion syndicale obligatoire dans un milieu de travail syndiqué des É.-U., » déclare le gérant d'affaires John Briegel de la section locale 254 à Calgary. « Nous l'appelons le droit au travail sans adhésion syndicale obligatoire dans un milieu de travail syndical moins lourd que celui des États-Unis. »

Le projet de loi 32 comprend :

  • Les syndicats se verraient limités à des endroits pour tenir des piquets pendant les grèves ou les lockouts, y compris l'interdiction de faire du piquetage sur un deuxième lieu de travail sans la permission de la Commission des relations du travail de la province.
  • L'interdiction de bloquer le passage ou de ralentir quelqu'un de franchir la ligne de piquetage.
  • Une disposition qui donne le « choix » aux membres de donner régulièrement l'autorisation à leurs sections locales de déduire une partie de leurs cotisations syndicales pour financer les activités politiques qui servent à défendre les syndicats qui soutiennent les partis politiques et les politiciens en faveur des travailleuses et des travailleurs.

Les syndicats seront aussi tenus de préparer des états financiers plus détaillés, soi-disant pour le bien des membres, même si les membres peuvent déjà avoir accès au budget et aux dépenses de leurs sections locales. Les défenseurs de la classe moyenne le perçoivent comme une tentative d'imposer des coûts excessifs aux syndicats dans le but de les rendre moins efficace.

« Le prochain projet de loi que ce Parti pourrait faire adopter et de donner le choix aux membres de ne plus payer de cotisations syndicales, » mentionne l'assistant gérant d'affaires Scott Crichton de la section locale 424 à Edmonton.

Les 27 États des É.-U. qui disposent des lois sur le droit au travail sans adhésion syndicale obligatoire dans un milieu de travail syndiqué, ceci est commun. En revanche, ceci sera un changement majeur au Canada, même sous le pouvoir des gouvernements des plus conservateurs. Le droit aux syndicats de recruter de nouveaux membres et de travailler en toute liberté a été défendu par nos tribunaux à travers le pays sous la Charte canadienne des droits et libertés.

« Même si le projet de loi est adopté, nous continuerons d'informer les membres des assemblées sur le travail important effectué par les membres de la FIOE, » déclare le vice-président international Thomas Reid du premier district. « Que ce soit dans les services publics, dans le secteur de la construction ou dans les chemins de fer, nos confrères et nos consœurs fournissent des services indispensables à toutes personnes vivant en Alberta. Porter atteinte au mouvement syndical qui garantit à ces membres de bons salaires et de bonnes conditions de travail est un drame, particulièrement pendant la pandémie de la COVID-19. »

« Le fait que cette attaque contre les syndicats survient pendant la pandémie de la COVID-19 est particulièrement difficile à avaler, » mentionne le gérant d'affaires Steve Southwood de la section locale 1007 à Edmonton.

« Le gouvernement actuel ne comprend pas le bien qu'apportent les syndicats aux communautés ni l'influence de la convention collective sur le traitement équitable des travailleuses et des travailleurs ou sur la capacité aux familles de joindre les deux bouts, ou le travail compliqué et qualifié effectués pour le bien de tous les Edmontoniens et les Albertains, » mentionne M. Southwood.

Le projet de loi permettrait aussi au gouvernement provincial de déterminer ce qui est charitable et ce qui est politique, dit Crichton, en refroidissant le bon travail effectué des syndicats dans leur communauté.

« Alors que le nombre de chômeurs a augmenté pendant la pandémie, les Albertains se sont tournés vers ces organismes pour obtenir de l'aide, » déclare Crichton. « Cette législation nous lie les mains et limite notre capacité de donner à ces causes humanitaires. »

Alberta a toujours été la province la plus hostile envers les syndicats et la classe moyenne, par contre, dans les dernières années, il y avait une lueur d'espoir.

Lors des élections provinciales de 2015, le Nouveau Parti démocratique a obtenu la majorité mettant fin à 34 ans de contrôle des progressistes-conservateurs. Le NPD en faveur des travailleurs a instauré un certain nombre de réformes sous la première ministre Rachel Notley. Le NPD a été chassé du pouvoir en 2019.

M. Briegel informe qu'il s'attendait à faire face à des obstacles suite aux gains réalisés après l'élection de 2019, mais le projet de loi 32 est allé plus loin que tout le monde pensait. La fédération du travail de l'Alberta, dont la FIOE est membre, a déjà mentionné qu'elle contestera le projet de loi devant les tribunaux après sa promulgation.

Jusqu'à cette promulgation, il est difficile de savoir exactement quel sera l'impact, déclare M. Briegel.

« C'est assez clair qu'il s'agit d'un cas où le diable est dans les détails, » dit-il.


image

Alberta Premier Jason Kenney, whose United Conservative majority government has scaled back the rights and protections of working families since taking power in 2019.

Credit: Creative Commons / Flickr user The Canadian Club of Toronto.