Avec un taux de syndicalisation plus de deux fois supérieur à celui des États-Unis, le mouvement syndical semble dans une position très favorable au Canada, par rapport à ses voisins du Sud en difficulté. Mais ces chiffres masquent un climat politique et économique de plus en plus hostile aux syndicats qui sont présentement la cible d'une campagne musclée visant à rallier les citoyens contre eux.

« Nos adversaires ont toujours essayé de s'en prendre aux organisations syndicales. Mais au lieu de poursuivre leurs tentatives d'affaiblir nos acquis un peu à la fois, ils tentent maintenant une offensive rigoureuse contre nous » dit Matt Wayland, représentant — action politique/stratégie médiatique — pour le Premier District.

Au cours de la dernière décennie, les politiciens conservateurs, tant provinciaux que fédéraux, ont pris un net virage à droite en ce qui a trait aux droits des travailleurs. Le gouvernement du Premier ministre Stephen Harper met de la pression pour faire adopter le projet de loi C-377 qui va créer des exigences de déclaration onéreuses pour les syndicats tandis qu'il dispensera les groupes d'entreprises d'une telle obligation.

Et en Ontario, les conservateurs sous la direction de M. Tim Hudak, qui semble déterminé à suivre les traces de M. Rick Snyder, gouverneur du Michigan de l'autre côté de la rivière à Détroit, veulent éliminer la formule Rand, ce qui ouvrirait la porte à l'adoption d'une loi du droit-au-travail.

Les groupes lobbyistes des entreprises ont également intensifié la pression sur les syndicats. La Coalition nationale des citoyens (National Citizens Coalition) dirigée par Stephen Harper, est un groupe de pression conservateur qui fait campagne contre les syndicats et qui fait paraître des annonces en ligne qui associent faussement les syndicats aux séparatistes du Québec et aux étudiants radicaux.

Le Congrès du travail du Canada a réagi à en lançant une vaste campagne de sensibilisation « Ensemble POUR UN MONDE PLUS JUSTE » ayant pour objectif de mobiliser tous les syndiqués afin de contrecarrer les stéréotypes négatifs et rehausser l'image des syndicats aux yeux de la population.

Le message que nous voulons transmettre aux Canadiens est le suivant : « C'est grâce à tous les avantages acquis par les syndicats au fil des ans que les travailleurs et les travailleuses bénéficient aujourd'hui d'un meilleur niveau de vie » déclare le confrère Ken Georgetti, président du CTC.

« Nous croyons le vieux dicton qui dit : ce que nous désirons pour nous-mêmes, nous le souhaitons à tous. Bon nombre des avantages dont bénéficient actuellement tous les travailleurs et travailleuses, y compris les salaires justes, la rémunération des heures supplémentaires, les pensions, les normes de sécurité au travail, les congés parentaux, les vacances payées et la protection contre la discrimination et le harcèlement, ont été initialement obtenus par les syndicats » affirmait-il dans un communiqué émis lors de la Fête du travail.

Pour la campagne, il s'agit d'abord de créer un réseau national de membre à membre en milieu de travail. afin de faire ressortir les bonnes choses qui résultent des conventions collectives.

« Parfois, les salaires et les avantages sociaux dont bénéficient les employés parce qu'ils sont membres du syndicat, sont pris pour acquis. Dès qu'ils commencent à travailler, les salariés profitent déjà de tous les avantages négociés au fil des années, mais ces résultats ont été obtenus grâce aux luttes menées par les travailleurs des générations précédentes et sans un syndicat fort, tous ces avantages pourraient leur être enlevés par un simple trait de crayon » souligne le confrère Wayland.

L'objectif est de pouvoir dialoguer en direct avec 3 millions de membres syndiqués, de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique. « Nous favoriserons d'abord et avant tout le dialogue face à face entre les compagnons de travail, les voisins, les personnes qu'ils connaissent et en qui ils peuvent avoir confiance » dit-il.

Pour donner le coup d'envoi de la campagne, le CTC a tenu des séances de formation partout au Canada avec les dirigeants syndicaux, au niveau local et national, afin de créer un message cohérent ainsi que le matériel pour diffuser l'information.

Puis il faudra passer à l'offensive, dans la guerre de relations publiques, allant de la mobilisation de nos membres pour qu'ils fassent parvenir des textes d'opinions ou des lettres au rédacteur en chef de leur journal local, jusqu'au recours à la parution d'annonces à la télévision et à la radio démontrant la contribution positive apportée par les syndicats.

« Il s'agit de pouvoir mettre un visage sur les syndiqués. Nous devons leur montrer le vrai visage des travailleurs, qu'ils soient électriciens, infirmières, enseignants… puisqu'il s'agit réellement d'eux et non des organisations syndicales comme telles» ajoute le confrère Wayland.

Le CTC prépare des séances de formation intensive sur les médias pour les porte-parole des sections locales et veut mettre en place une équipe d'intervention pour lutter contre les images négatives que les médias donnent sur les syndicats.

Selon M. Bill Daniels, Vice-président du Premier District, ces initiatives sont étroitement liées à la campagne NextGen de la FIOE dont le but était de faire connaître la Fraternité à la nouvelle génération de travailleurs canadiens.

« Beaucoup trop de gens qui entrent sur le marché du travail n'ont aucune expérience directe avec les syndicats et ont souvent des stéréotypes négatifs comme référence. Nous ne pouvons grossir nos rangs à moins de leur présenter notre version de l'histoire » affirme-t-il.

Il est important que tous les militants du Premier District, des leaders nationaux et des gérants d'affaires aux jeunes membres et aux organisateurs des comités d'action politique, s'impliquent activement dans cette campagne.

Pour en savoir davantage sur la campagne « Ensemble pour un monde plus juste » consultez le www.canadianlabour.ca/action-center/together-fairness-works.