En juin dernier, la très grande majorité des employés d'Hydro-Manitoba ont approuvé une de leurs meilleures conventions collectives, de mémoire récente, en obtenant des changements réclamés depuis longtemps, dont une étude comparative des salaires des travailleurs des services publics de l'Ouest du Canada ainsi qu'une augmentation salariale de 8% étalée sur une période de quatre ans.

Le confrère Mike Velie, Gérant d'affaires de la section locale 2034 de Winnipeg, attribue le succès de ces négociations au fait que la section locale ait accepté de diversifier ses outils de négociation collective et d'expérimenter de nouvelles stratégies de négociation, notamment les mobilisations éclairs et YouTube.

« Nous avons essayé des trucs qui n'ont jamais été faits auparavant et cela a porté fruit» dit le confrère Velie dont la section locale représente plus de 3,000 travailleurs d'Hydro-Manitoba à travers la province.

Les négociations avec la société d'État ont débuté en septembre. La section locale s'était bien préparée à l'avance en réalisant un sondage auprès de ses membres puis en effectuant un suivi en rencontrant les délégués syndicaux en personne — ce qui est tout un exploit dans une province dont la superficie est comparable à celle du Nord-Est des États-Unis.

« Nous voulions nous assurer que les sondages reflètent de façon exacte les préoccupations de nos membres » déclare le confrère Velie.

Le salaire était l'une de leurs principales préoccupations. La rémunération salariale des travailleurs d'Hydro-Manitoba était inférieure à celle de leurs homologues en Saskatchewan et en Alberta et ils souhaitaient que la société réalise une étude officielle des taux de salaire dans le domaine du secteur public afin de le démontrer.

Toutefois, les négociations se sont rapidement heurtées à un mur. La section locale a alors décidé de faire preuve de créativité plutôt que de demander un vote de grève.

Une mobilisation éclair est le rassemblement d'un groupe de personnes dans un lieu public, généralement organisée par l'intermédiaire de réseaux sociaux, pour y effectuer des actions convenues d'avance ou afin d'attirer l'attention du grand public sur une question particulière.

Après avoir visionné un reportage, en février dernier, sur la mobilisation éclair organisée par Hydro-Manitoba et visant à favoriser la condition physique, le comité de négociation a eu l'idée d'utiliser eux-mêmes cette méthode!

La section locale 2034 a diffusé un message aux membres de la région de Winnipeg les invitant à un rassemblement éclair improvisé dans le hall d'entrée du bureau principal de la société, durant l'heure du dîner, afin de mettre la pression sur la société pour qu'elle retourne à la table de négociations. Des photos de l'événement ont été affichées sur les pages Facebook et Twitter de la section locale.

« Le message a très vite suscité l'attention de la société et notre stratégie a bien fonctionné parce que les membres se sont présentés au rassemblement » affirme le confrère Velie.

La section locale a également eu recours au pouvoir de YouTube, le réseau social populaire pour les vidéos en ligne, pour faire pression sur la société et rétablir les faits en rectifiant la mauvaise information.

Certains cadres de la société d'État avaient répété à des employés qui ne sont pas membres de la FIOE, qu'ils seraient tenus d'effectuer le travail des membres de la FIOE en grève, même si les lois du travail montraient clairement que ce n'est pas le cas.

« La société ne pouvait pas obliger ses employés à devenir des briseurs de grève » indique le confrère Velie. Afin de diffuser cette nouvelle, la section locale a affiché quatre vidéos sur sa chaîne YouTube et le message s'est répandu rapidement.

Peu de temps après, la société a envoyé une lettre à tout son personnel d'encadrement les avisant qu'en effet, ils n'avaient pas à effectuer le travail des employés en grève.

La force de YouTube, c'est la capacité du site de rendre les vidéos virales, en donnant à la section locale, par le fait même, un mégaphone pour la négociation.

« Cette publicité n'a pas été la meilleure qu'a reçue la société et se faire rappeler à l'ordre ainsi, l'a obligée à changer son approche » ajoute-t-il.

Le 18 avril dernier, avec l'aide d'un médiateur nommé par le gouvernement, la section locale a conclu une entente de principe avec Hydro-Manitoba, sans jamais avoir demandé la tenue d'un vote de grève.

La section locale 2034 a également obtenu un engagement de la société d'État à l'effet que les dirigeants syndicaux seraient autorisés à rencontrer les employés pendant les heures de travail afin de leur expliquer l'entente en détail avant que les bulletins de vote ne soient expédiés.

« Seulement 26% de nos membres avaient participé au vote sur la dernière convention collective; il était donc important de nous assurer que tout le monde soit pleinement informé et prêt à voter sur la convention collective actuelle » dit le confrère Velie. Les votes ont été comptabilisés le 4 juin dernier.

« Les situations difficiles exigent que nous sortions des sentiers battus, que nous nous intéressions aux plus récentes technologies et que nous apprenions des réussites des autres » conclut Phil Flemming, vice-président du Premier District.