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Les Familles Travailleuses Devant Un Nouveau Paysage Politique Au Canada | ||
Peu de Canadiens auraient pensé que l'élection fédérale du 2 mai finirait par être une des plus historiques au Canada pouvant potentiellement changer la dynamique politique du pays pour les années à venir. Le Premier ministre conservateur Stephen Harper a atteint son objectif de longue date de former un gouvernement majoritaire, alors que l'incertitude économique et l'insatisfaction des électeurs a permis aux néo-démocrates pro-syndicalistes de former l'opposition officielle, une première dans l'histoire du parti. De leur côté, les libéraux qui ont déjà dominé, ainsi que les souverainistes du Bloc Québécois ont subi de lourdes pertes qui remettent en question la pertinence future de leur parti. « C'est un nouveau contexte pour nous. Harper a dirigé le gouvernement conservateur le plus à droite de notre histoire et il se retrouve avec encore plus de pouvoir pour réaliser son programme; toutefois, nous sommes confiants qu'avec la solide performance des néo-démocrates, les questions d'intérêt pour les familles travailleuses—les soins de santé, la sécurité de la retraite et la création d'emploi—se feront clairement entendre à Ottawa, ce qui ne s'est pas vu depuis plusieurs années » déclare Phil Flemming, Vice-président du Premier District. L'objectif des conservateurs d'amputer les services publics—ce que leur statut minoritaire les empêchait de réaliser—se retrouve maintenant sur la table, avec les gains obtenus par Harper. « Les travailleurs et les travailleuses souffriront si le gouvernement fédéral sabre dans les services publics. Avec les coupures prévues par Harper, plus de canadiens viendront s'ajouter aux rangs des chômeurs » affirme Danny Mallett, Directeur, Action Politique, au Congrès du travail du Canada. Et certains signes laissent présager que les Conservateurs tenteront de s'en prendre aux syndicats du secteur public canadien, comme ont cherché à le faire les nouveaux élus du Parti républicain aux états-Unis. Les employés de Postes Canada subissent déjà les attaques d'un gouvernement fédéral, poussant un contrat de travail à la baisse avec un système de rémunération à deux niveaux et des coupures dans le régime de retraite. Quelques jours seulement après l'élection, l'Institut Fraser, un groupe de recherche de droite étroitement associé à Harper et aux conservateurs, diffusait un communiqué incitant le Canada à suivre l'exemple du Wisconsin en réduisant les avantages sociaux des travailleurs de la fonction publique. Des manifestations imposantes ont eu lieu dans cet état à la suite du projet controversé du gouverneur Scott Walker qui dépouillerait les fonctionnaires de leurs droits à une convention collective. Catherine Swift, présidente de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, sympathisante de droite, est également intervenue demandant d'abolir les régimes de retraite des employés de la fonction publique et d'élever l'âge de la retraite. Les Conservateurs menacent les avantages sociaux des employés du secteur public, empêchant ainsi tout effort visant à bonifier le régime de pension du Canada et du Québec insuffisamment financés. La récession de 2008 a démontré la faiblesse du système canadien de revenu de retraite, alors que plus de 1.6 million d'aînés vivent encore sous le seuil de la pauvreté. « La situation ne pourra qu'empirer parce que beaucoup de jeunes travailleurs sont incapables d'épargner suffisamment pour la retraite » déclarait Ken Georgetti, Président du CTC, dans un communiqué. L'emphase mise par Harper sur l'austérité fiscale met en péril l'appui fédéral pour les placements en infrastructures et la création d'emplois, menaçant la reprise économique du Canada et s'ajoutant aux malheurs que connait le secteur manufacturier, une situation très préoccupante. « La croissance de l'emploi qu'ont connu le secteur de la construction et les autres secteurs était due, en grande partie, au financement fédéral du plan de relance économique et nous devons nous assurer qu'elle restera sur la bonne voie » ajoute le Vice-Président Flemming. Bien que la menace des coupures soit imminente, plusieurs militants syndicaux pensent que le nouvel alignement politique à Ottawa ouvrira de nouvelles opportunités pour les familles travailleuses dans l'arène législative. « Il est arrivé que les libéraux nous appuient, moyennant certains compromis; alors que le NPD s'est toujours exprimé clairement sur les enjeux qui sont importants pour les travailleurs » ajoute le confrère Mallett. Plusieurs des nouveaux députés néo-démocrates élus sont eux-mêmes membres d'un syndicat. Jack Layon, leur chef, a reçu un appui enthousiaste lors du congrès du CTC au mois de mai, alors qu'il réaffirmait que sa principale priorité au Parlement serait de faire passer l'intérêt des travailleurs canadiens avant tout. « à chaque élection, nous avons toujours fait augmenter le vote des syndiqués et la majorité des votes allait au NPD » poursuit Mallett. Quel que soit l'étiquette du parti, les syndiqués sont d'avis que le plus important est de se concentrer sur les principaux enjeux, en travaillant autant avec les membres du parti majoritaire que ceux de l'opposition. « Nous voulons rejoindre tous les députés et nous ne laisserons pas la partisanerie nous empêcher d'apporter notre soutien aux représentants élus qui travaillent sur les points importants pour nos membres; notamment le soutien à l'industrie de l'énergie, une formation continue accrue, des mesures fiscales facilitant la mobilité de la main-d'oeuvre et des politiques visant la création d'emplois. Les syndicats doivent s'impliquer en politique au quotidien et non seulement en période électorale » conclut le Vice-Président Flemming. (Voir « élections fédérales 2011 : Les emplois dans la mire des militants », Journal l'Electrical Worker, mai 2011) |
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